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L’abeille noire du Limousin

 
De tous temps l’abeille a passionné l’homme. Il y a 5000 ans, les égyptiens procédaient à l’élevage des abeilles et des traces de miel ont été retrouvées dans les tombeaux des pharaons.

Aujourd’hui, avec les nombreuses pollutions accidentelles ou chroniques, l’apiculture est en danger. L’abeille est une sentinelle de l’environnement, lorsque sa population est en voie de régression dans une région, on peut craindre une augmentation de la pollution et une diminution de la biodiversité. En effet, en butinant, l’abeille transporte le pollen indispensable à la reproduction des plantes. Grâce à cette action, 20 000 plantes sauvages sont sauvegardées en Europe.

Albert EINSTEIN nous a prévenu : « si l’abeille venait à disparaître de la surface de la terre, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. »

La colonie  se compose de 40 000 à 70 000 abeilles. Elle comprend une reine, des ouvrières et des faux-bourdons. L’organisation sociale et la division du travail sont poussées à leur paroxysme. La reine pond : une bonne reine peut pondre 1 500 œufs en 24 heures, ce qui équivaut à son propre poids. Les ouvrières ont une activité plus variée qu’il faut diviser en trois périodes : les dix premiers jours de leur vie, abeilles domestiques à l’intérieur de la ruche, elles procèdent au nettoyage des alvéoles, réchauffant et nourrissant le couvain ; les dix jours suivants, toujours à l’intérieur de la ruche, elles ont des activités constructrices grâce au développement de leurs glandes cirières. Elles effectuent le déchargement de la nourriture des pourvoyeuses, tassent le pollen dans les alvéoles, évacuent les détritus et assurent une garde vigilante devant le trou de vol ; à partir du 20ème jour et jusqu’à leur mort, les ouvrières deviennent pourvoyeuses et récoltent le nectar et le pollen.

Les faux-bourdons appelés aussi « mâles » ont une vie moins laborieuse. Ils éclosent au début du mois de mai. Ils sont dits : « voraces, gros, paresseux et bêtes ». Leur seule raison d’être est la fécondation de la reine. Celle-ci a lieu dans les airs, aussi par une belle journée, on peut les observer, à la recherche d’une reine qui accomplit son vol nuptial. Certains de mes compatriotes « mâles » humains pourraient penser que c’est là, une vie idyllique, mais attendez la suite de mes propos…

Le faux-bourdon élu pour le coït royal ne survivra pas, en effet au cours de l’accouplement, il sera émasculé et ses attributs sexuels resteront collés à la reine.

Les congénères, n’ayant pas eu les faveurs de la reine poursuivront une vie oisive jusqu’à la fin de l’été. La récolte de nectar diminuant, les ouvrières refusent de nourrir les faux-bourdons. Elles les tiraillent à l’extérieur  de la ruche, les mordent et leur infligent même des piqûres venimeuses. Ils vont ainsi mourir à l’entrée de la ruche !

  
L’abeille noire (apis mellifica mellifica) est une race d’abeilles commune à l’Europe. Au cours des siècles et en l’absence de transhumance, elle s’est particulièrement adaptée au Limousin, région au climat parfois difficile. Aujourd’hui, elle est concurrencée par l’abeille jaune italienne (apis mellifica ligustica) et par de nouvelles  races importées d’Amérique, plus prolifiques, mais mal adaptées à notre région où nous subissons une courte période de récolte. Pour subsister, l’apiculteur doit transhumer ses colonies dans des régions plus favorables, participant ainsi au mélange des races.

La souche de l’abeille noire du Limousin est ainsi en voie de disparition. Elle a pourtant résisté durant des lustres à tous les aléas climatiques. Bien adaptée à notre magnifique région, elle est rustique et laborieuse.

Protégeons là !

 

 

Pourquoi ne pas accoler son image à celle de la feuille de châtaignier, emblème de la région Limousin ?

La châtaigne a permis à l’homme de nos contrées de survivre dans les moments de disette, mais sans la pollinisation abondante de la fleur de châtaignier par l’abeille, aurions nous survécus ?

 
Saint-Pardoux-Morterolles, le 7 avril 2008.  

                                                             Michel TRUFFY